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SA VIE, SON ŒUVRE

attiré vers ces résurrections. On fit à ses protégés an fort bon accueil. On les vengea d’un trop long oubli et d’un trop injuste dédain, on les habilla, à nouveau, dans de coquettes rééditions qui ne les dépaysaient pas trop ; on feignit de prendre pour un soupçon de poudre le doigt de poussière qui les couvrait. Ils firent les délices des lettrés pour tout de bon, qui les traitèrent avec une hautaine bienveillance, et des lettrés de Panurge, qui font la fortune des éditions qu’il est de bon goût de relier sans relire. Lorsque l’on voudra connaître, en leur élégance surannée et dans toute l’ampleur de leur petit esprit vieillot, les charmeurs qui amusèrent l’agoDie de la vieille France, il faudra s’adresser à Charles Monselet.

» Personne mieux que lui ne pouvait s’atteler à cette tâche. Un historien se fût perdu dans des considérations trop sévères ; un pédant eût surchargé de notes les livrets qui devaient toute leur grâce à leur légèreté, tous défauts dont il se garda. Puis Charles Monselet se sentait attiré vers eux, comme vers ses aînés, ses modèles : n’étaient-ce point des diseurs de rien, en petits vers faciles, coulants ? Épicuriens sans fiel, le ventre à table, le dos au lit, n’avaient-ils point eux et lui, la même très douce philosophie nonchalante, se hâtant de rire de tout, quoique bien certains de ne jamais pleurer de rien ?

» Il voulaitsi bien leur ressembler en tout ce qu’ils avaient de sensuel qu’il leur emprunta jusqu’à leur culte de la gastronomie et qu’il se fit gloire d’être, après Grimod de La Reynière et Brillât-Savarin, le premier gourmet de France.

» Garibert. b

[Paris, n° du 21 mai 1888.)

«... Monselet est un des premiers hommes de lettres que j’aie connus à mon arrivée à Paris. C’était en 1858 ; je venais d’entrer au Figaro et j’y apportais la figure hétéroclite d’un