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IV

De même que Monselet a chanté la ville de Nantes, son premier berceau, de même il a accordé à Bordeaux, sa patrie d’adoption, Bordeaux qui a eu la primeur de son talent, de nombreuses pages empreintes d’une admiration sincère.


C’est d’abord, dans son premier volume de touriste — De Montmartre à Séville — une description des plus suivies :

« Bordeaux ! ce nom éveille immédiatement une idée de grandeur, de magnificence, d’orgueil. Une forêt de mâts et de pavillons se dresse tout à coup aux regards ; on aperçoit de vastes rues, bordées de maisons hautes, larges, imposantes, seul [ttées avec faste, et qui sont des hôtels d’une aristocratie commerciale. Il semble qu’on connaisse Bordeaux avant de l’avoir vu ; c’est une des villes qui réalisent le plus complètement l’image qu’on s’en est formée.

» J’ai passé à Bordeaux la première partie de ma jeunesse, et j’en veux parler pendant quelques pages, d’abord pour obéir à ce besoin d’évocation dont tout homme est saisi à moitié de sa carrière ; ensuite, parce que le Bordeaux d’aujourd’hui est bien différent du Bordeaux d’autrefois. Que voulez-vous ! Trente ans, vingt ans même suffisent dans notre époque à transformer entièrement une cité, mœurs et physionomie, habitants et maisons.

» Du plus loin qu’il me souvienne, je revois un Bordeaux que j’appellerai le Bordeaux gascon, et dont les traces n’existent plus guère. Je revois des femmes d’une haute stature, cou-