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Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/120

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réprimé l’humeur aventureuse, à quelques pas de la Teste, sauvée par lui d’une imminente destruction.

L’œuvre de Brémontier se continue tous les jours ; des semis de pins et de genêts essayent d’opposer une barrière aux envahissements de l’Océan ; des fascines et des clayonnages s’étendent sur le littoral ; et, grâce à ces précautions, on a, sinon fixé les dunes de Gascogne, du moins ralenti leur marche et retardé de quelques siècles la ruine d’une contrée.

Chaque dune a un nom, qui lui a été donné par les pêcheurs, les résiniers ou les géologues. Parmi celles qui font une digue au bassin d’Arcachon, il y a la Rousse, la Dufour, le Pin-Turlin, la Mauvaise et le Chat ; ces appellations, dont quelques-unes ne manquent pas de pittoresque, ont été créées pour désigner une forme, rappeler un sinistre ou consacrer le nom d’un honorable adjoint au maire. Celle vers laquelle se dirigeaient Philippe Beyle et Irénée de Trémeleu, conduits par Péché, s’appelait la Jeanne-Dubois. Elle n’était guère distante de la mer que d’une demi-lieue. De loin, elle se détachait au milieu des autres dunes par son aridité plus absolue, par sa blancheur plus blessante, par sa perspective plus monotone. Son sommet dévasté, comme un front de penseur en révolte, accusait l’inutilité des ensemencements maintes fois tentés sur elle. Ce fut à la Jeanne-Dubois qu’on aborda, dans une baie dont le sable très fin était piqué à mille places.

— Qu’est-ce que c’est que cela ? demanda M. Blanchard.

— Ce sont les puces de mer qui font des trous, lui répondit le batelier.

Chaque pas soulevait en effet une myriade de ces insectes. Pour atteindre au niveau de la dune, dont tous les bords sont escarpés, il est absolument nécessaire de s’aider des pieds et des mains ; c’est ce que firent nos quatre personnages pendant un assez long quart d’heure. Leur ascension ne s’opéra pas sans difficulté, à cause des éboulements qu’ils suscitaient presque à chaque minute.

— S’il avait plu, dit Péché, les sables résisteraient davantage ; mais voilà trois semaines que la sécheresse dure, et rien ne les rend mobiles comme la chaleur.