Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/121

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Ils arrivèrent enfin à un terrain à peu près horizontal, et d’où le regard embrassait presque entièrement le bassin d’Arcachon ; seulement la position n’y était pas tenable, le vent y soufflait avec furie.

— Cherchons un autre endroit, dit M. Blanchard en faisant tous ses efforts pour maintenir son chapeau sur la tête ; celui-ci est vraiment désagréable, même pour…

Il n’acheva pas sa phrase, une bourrasque la lui enleva sur les lèvres.

— Fermez les yeux ! cria Péché.

Mais son avertissement porta trop tard. Des tourbillons de sable fondirent sur les voyageurs, s’attaquant à leurs yeux, à leur nez, à leur bouche ; en un instant ils furent suffoqués.

— Que le diable emporte cet ensorcelé pays ! murmura Beyle en toussant. Comment se fait-il, monsieur Blanchard, que vous nous ayez amenés ici ? À quoi bon ce luxe de précautions dans une contrée déserte ? Est-ce que le moindre coin de la forêt, derrière l’hôtel, n’aurait pas fait notre affaire ?

— Vous avez raison, dit M. Blanchard ; mais je connais la forêt, et je ne connais pas la dune. Or, l’homme n’a pas voulu oublier le touriste… et, comme je serai probablement forcé de quitter la Teste aujourd’hui, avant que notre escapade ait transpiré, je n’ai pas été fâché que votre duel eût pour moi les bénéfices d’une dernière excursion.

Une seconde bourrasque empêcha Philippe de répliquer.

— Mène-nous vite à l’abri, dit M. Blanchard à Péché, dès qu’il put parler.

— Je le veux bien, répondit Péché, mais il se peut que nous fassions du chemin avant de trouver un emplacement convenable.

Il prit les devants et l’on se mit en marche. Le sol était sourd, comme pour les pas du crime ; on eût dit quatre personnes chaussées de pantoufles. Aucun bruit, pas même de reptile. Quelquefois seulement, une pomme de pin se détachait de son arbre isolé et tombait lourdement.

On entra dans un vallon, qui ne produisait guère que quelques