Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/144

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M. d’Ingrande prit son chapeau. L’amant à qui l’on donne son congé, l’emprunteur que l’on éconduit sans miséricorde, le poète dont le libraire refuse le manuscrit, ont tous la même manière muette et navrante de prendre leur chapeau.

— Adieu, Pandore, dit-il.

— Adieu.

Il touchait la porte de la chambre, lorsque Pandore, qui semblait réfléchir, le rappela.

— Attendez ! s’écria-t-elle.

Le comte, étonné, revint sur ses pas. Pandore était allée à son secrétaire, l’avait ouvert et en avait retiré la fameuse lettre au cachet énigmatique. Cette lettre, elle la relut de nouveau, mais en paraissant cette fois en commenter les moindres syllabes.

— Mon cher comte, dit-elle après avoir abandonné le papier, j’ai pitié de vous ; et puisque vous m’aimez réellement, moitié par habitude, moitié par amour-propre sans doute (ne m’interrompez pas !), je vais vous proposer un arrangement.

— Un arrangement ?…

— Eh bien, oui, un arrangement… du verbe arranger… ou concilier, si vous aimez mieux. Vous n’entendez rien aujourd’hui !

— Parlez, Pandore, et tout ce que vous voudrez que je fasse, je le ferai.

— Oh ! je ne serai pas exigeante. Quel jour du mois sommes-nous ?

— Le vingt-six, le vingt-six juillet.

— C’est bien.

Elle compta sur ses doigts.

— Monsieur le comte, reprit-elle, vous allez voyager pendant trois mois.

— Voyager !

— Je ne répéterai plus. Connaissez-vous Londres ?

— Oui.

— Tant pis. Et Madrid ?

— Non.

— Alors vous irez à Madrid.