Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/189

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— Philippe ! dit Marianna tout en larmes.

— Non.

— Je serai une femme nouvelle pour toi : tu verras.

— Mais moi, je serai toujours le même homme. J’ai eu des torts envers vous, je ne veux pas en avoir d’autres. Restons-en là, vous dis-je. La vie ne doit pas se consumer en répétitions. Adieu, Marianna.

— Adieu ? répéta-t-elle, inquiète.

Puis, cette inquiétude se fondit peu à peu dans une émotion pénible, silencieuse.

— C’est donc un parti bien arrêté chez toi ? demanda-t-elle.

— Oui.

— Tu ne veux plus… me revoir ?

— À quoi bon ? Voyez d’ailleurs que triste amant je puis faire, et quel rayonnement mon amour jetterait sur une femme !

— Oh ! Philippe, n’est-ce que cela ? Mais tu ne sais donc pas que je suis toute-puissante, sinon par moi, du moins par bien d’autres ! Je puis te relever, tu n’as qu’à dire un mot ; je puis réaliser tous tes rêves, les plus grands et les plus audacieux ; parle ! j’ai des moyens certains, infaillibles ; je peux tout, oui, tout. Oh ! n’agite pas les épaules, car c’est vrai, je te le jure. Dis-moi seulement une parole du cœur, et tout changera : les plus hautes protections te seront acquises ; les issues qui t’étaient obstinément fermées se rouvriront à l’instant. Philippe, tu peux redevenir riche, puisque c’est la richesse que tu aimes par-dessus tout !

— Assez, dit froidement Philippe en l’interrompant ; vous délirez, Marianna.

— Non, mais j’allais délirer… murmura-t-elle, rendue à elle-même.

Il se fit une révolution subite dans sa physionomie et dans son attitude. Son front se redressa. Elle dit d’une voix ferme :

— Amie ou ennemie, je veux rentrer dans ta vie !

— Tant pis pour votre volonté, dit Philippe avec indifférence.