Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/211

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— D’un fils de marchand ?

— Peut-être. N’aurais-je pas, d’ailleurs, la ressource de s’élever jusqu’à moi ? Rien de plus facile que d’en faire un baron, par exemple.

Quelques rires ironiques circulèrent, et l’on se répéta avec gaieté les noms de plusieurs barons de formation nouvelle.

— Bah ! reprit le comte ; dans quatre cents ans leur noblesse vaudra la nôtre… pourvu toutefois que leurs descendants se mésallient.

— Comte, vous êtes un déserteur de nos principes.

— Voulez-vous donc que j’use ma vie à monter l’ombre d’une faction devant l’ombre d’une guérite ?

— Raca !

— Raca, soit. Mais, dussé-je exciter jusqu’au bout votre indignation, je vous ferai un dernier aveu ; un aveu sincère.

— Voyons, dit la galerie.

— Moi comte, moi filleul de prince du sang, moi d’Ingrande, je ne regrette qu’une chose.

— Laquelle ?

— C’est de ne m’être pas mésallié !

Sur cette dernière saillie à l’adresse de sa femme, le comte d’Ingrande quitta le groupe de ses auditeurs et vint à Philippe Beyle. Celui-ci l’avait écouté avec un étonnement sans égal, et à plusieurs reprises il avait eu comme des éblouissements. Ils passèrent tous les deux dans un petit salon. Là, le comte se jeta dans un fauteuil. Sa figure n’avait jamais été si riante ; une expression de malice douce y dominait.

— Eh bien, dit-il en se frottant les mains, vous avez vu la comtesse ?

— Oui, monsieur le comte.

— Très bien.

— J’ai eu l’honneur de l’entretenir pendant une demi-heure de vos affaires et de votre demande.

— Pendant une demi-heure ! Malepeste ! ma femme a