— J’avoue que je suis assez bon, car il fait un froid capable de rebuter un paladin ; je m’étonne que tu ne m’aies pas engagé à escalader la muraille.
— Excusez-moi, mon père ; ce que j’ai à vous dire exige tant de précautions !
— Vraiment ? Eh bien ! je t’écoute.
— D’abord, dit Amélie en se suspendant au bras du comte, il faut que vous sachiez que je suis instruite de l’embarras où vous vous trouvez.
— Comment ! tu sais ?
— Le hasard m’a tout appris.
— Le hasard seul ?
— Oh oui ! je vous jure. Enfermée dans un cabinet, j’ai entendu la conversation de ma mère avec cette personne envoyée par vous… ce jeune homme.
— Après ?
— Je sais, continua Amélie, que vous n’êtes pas aussi heureux que vous devriez l’être ; je sais que vous avez besoin de trois cent mille francs.
— Hélas ! oui, ma fille.
— Il faut que vous les ayez, mon père ; il faut que vous les ayez le plus tôt possible !
— C’est aussi mon désir ; mais par quel moyen ?
— J’ai imaginé un plan, dit-elle.
— Tu m’intéresses prodigieusement. Voyons ton plan.
— Promettez-moi, auparavant, de ne pas me gronder…
— Je te le promets.
— Et de ne pas vous moquer de moi.
— Je te le promets encore ; mais ce plan ?
— Le voici, dit Amélie. Savez-vous, mon père, ce qu’il y a de mieux à faire pour vous sortir d’embarras, pour vous rendre tout à fait heureux.
— C’est ?…
— C’est de me marier bien vite.
— Te marier, ma fille ?… Viens un peu du côté de ce bosquet,