fiacres énormes à contenir douze remplaçants militaires, et enfin quelques-uns de ces véhicules innommables, indescriptibles, qui semblaient tenir le milieu entre le caisson industriel, la tapissière sautillante et le coucou de grivoise allure. Quel pouvait être l’événement capable de faire affluer vers la Madeleine tant d’éléments opposés ?
On remarquera que nous avons dit le temple, le monument, la Madeleine, et que nous n’avons pas dit l’église. C’est qu’il nous est presque impossible d’évoquer l’Évangile sous cette frise grecque, pas plus que de retrouver Sainte-Geneviève dans le Panthéon. Il nous faut avant tout un clocher. Sans clocher, nous ne sommes plus qu’un croyant dépaysé et mal à l’aise.
C’était au maître autel de la Madeleine que se célébrait en grande pompe le mariage de Mlle d’Ingrande avec Philippe Beyle. On sait que la comtesse avait quitté Paris exprès pour ne pas assister à cette cérémonie. Néanmoins, une notable portion de l’aristocratie parisienne était représentée à ce mariage. La nef se trouvait encombrée au-delà des proportions ordinaires : il est vrai d’ajouter qu’il s’agissait d’une messe en musique, exécutée avec le concours d’un grand nombre de virtuoses renommés.
Un observateur très attentif aurait peut-être eu le droit de s’étonner en voyant les regards fréquents que la marquise de Pressigny jetait à droite et à gauche de l’édifice, dans les moments de distraction qu’entraîne inévitablement une messe en musique, et les coups d’œil d’intelligence qu’elle échangeait çà et là avec des femmes en apparence d’une condition au-dessous de la moyenne.
Mais, nous le répétons, il aurait fallu que cet observateur fût très attentif. Pour nous, qui possédons les privilèges auxquels un simple observateur ne pourrait prétendre, nous dirons que la Franc-maçonnerie des femmes avait là un grand nombre de ses membres, et qu’on était venu de toutes parts pour honorer la marquise de Pressigny dans le mariage de sa nièce.
La messe eut une durée digne du rang et de l’opulence des nouveaux époux.