Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/249

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semblables à une marche triomphale, accompagnent ordinairement les époux au seuil de la sacristie.

Mais, à la place de la symphonie obligée, ce fut une voix qui s’éleva, puissante et terrible, et qui entonna ce chant funèbre :

Dies irœ dies illâ,

Solvet sœclum in favillâ,

Teste David cum Sibyllâ !

« Ô jour d’ire et de vengeance qui réduira l’univers en cendre, comme l’attestent David et la Sibylle ! »

Une sensation de terreur parcourut toute l’assemblée. La voix était magnifique d’ailleurs ; c’était une voix de femme. Cette voix, comme si elle eût voulu profiter de la stupeur unanime, reprit, d’une voix plus vibrante encore :

Quantus tremor est futurus,

Quando Judex est ventutus,

Cuncta strictè discussurus !

« Quelle sera la frayeur des hommes quand le Juge paraîtra pour discuter rigoureusement leurs actions ! »

Ce cantique, que l’on n’entonne que dans les cérémonies de deuil, glaça tous les auditeurs. Philippe Beyle, le premier, s’était redressé par un mouvement involontaire. Sa physionomie s’était contractée ; pâle et fléchissant, il avait été obligé de s’appuyer au dossier de sa chaise pour ne pas tomber. Il avait reconnu la voix de Marianna.

Philippe baissa la tête, et il eut peur pour la première fois de sa vie. C’était le passé qui venait ressaisir sa proie. Amélie, en jetant les yeux sur lui, fut surprise de sa frayeur ;