Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/323

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l’avenue de Tourville est certainement la moins fréquentée des avenues. Une dame descendit du coupé ; elle était voilée et enveloppée d’une pelisse. Descendu tout aussi lestement du cabriolet, un monsieur u aux pas de cette dame. Mais, avant qu’il eût eu le temps de la rejoindre, elle disparut comme par enchantement dans un mur qui, du côté gauche, bordait le boulevard.

— Je fais un mauvais rêve ! murmura le monsieur, en qui nous prions nos lecteurs de bien vouloir être assez complaisants pour reconnaître Philippe Beyle.

Il examina de près le mur et finit par y trouver une petite porte.

— C’est cela, dit-il entre ses dents : la porte des romans, la vieille porte des mélodrames !

Philippe essaya d’ouvrir, puis de faire céder cette porte, mais le bois et la serrure en étaient solides.

— À quel corps de bâtiment correspond cette entrée ?

Telle fut la question qu’il se posa, dès qu’il fut rendu plus calme par l’impossibilité de sa tentative. Alors Philippe entreprit de longer le boulevard et de se rendre un compte exact des localités. Voici quel fut, après un circuit d’un quart d’heure, le résultat de ses observations :

Il y avait là une agglomération d’hôtels séparés entre eux par des jardins. Ce pâté, d’aristocratique apparence, était borné au nord par l’extrémité de la rue de Babylone, qui ressemble assez à l’extrémité du monde ; à l’est par la rue de Monsieur ; au sud par la rue Plumet, et enfin à l’ouest par le boulevard des Invalides. De tous côtés, comme on le voit, la solitude, l’espace, le silence.

Revenu à son point de départ, Philippe se livrait à ses perplexités, lorsqu’il vit se dessiner dans le lointain une nouvelle silhouette de femme. Il se rejeta sous la double allée d’arbres qui font, jour et nuit, une ombre épaisse au boulevard.