Les voici toutes ! Quelques-unes d’entre elles méritent un portrait particulier, soit à cause de leur situation exceptionnelle, soit pour les services qu’elles ont rendus ou qu’on leur a rendus. La nature, souvent inouïe, prodigieuse de ces services, démontrera, mieux qu’une affirmation, l’étendue et la diversité des ramifications de la Franc-maçonnerie des femmes. C’est une chaudière de drames et de comédies que nous allons renverser, avec la prodigalité d’un homme qui en garde plus qu’il n’en répand, qui en tait plus qu’il n’en raconte. Dans ce musée, reflet de toutes les écoles et de tous les genres, il se pourra que le grotesque coudoie quelquefois le terrible, que les figures naïves avoisinent les profils raffinés ; si quelques tons criards s’y font jour, on se rappellera qu’ils éclatent sur une toile inusitée. On s’étonnera moins de l’étrangeté de quelques-unes de ces monographies, en songeant que la plupart de ces caractères subissent le joug d’une volonté collective ; que ces existences ne s’appartiennent jamais entièrement, et que, dans cette société ténébreuse, les circonstances, les événements s’ordonnent et se préparent comme se préparent les substances dans les laboratoires.
Prenons d’abord cette humble fille, qui a l’air sauvage et presque effarouché. Elle est enfermée jusqu’au menton dans une robe grise ; elle a de gros gants et de gros souliers. C’est Lucile-Geneviève Cornut, la servante d’un des plus vénérables curés d’une paroisse de la banlieue. Pour assister aux réunions du boulevard des Invalides, elle est obligée chaque fois d’accomplir des prodiges de combinaisons et de prétextes. Lorsque la convocation est indiquée pour le soir, c’est alors que son embarras est doublé. Son curé a pour habitude de se mettre au lit fort tard, parce qu’il dort après le déjeuner de midi.
Afin que Geneviève puisse s’absenter du presbytère, il est nécessaire, il est indispensable que son respectable maître devance