mystique, sur le prestige inquisitorial de son initiation, sur la solennité des engagements qu’elle allait prendre ? C’était sur tout cela, en effet, mais principalement aussi sur la noblesse d’âme et sur la franchise d’Amélie. Elle espérait que ses principes d’honneur se soulèveraient à l’idée d’une imposture, et qu’elle repousserait l’autel sur lequel pourtant sa main s’étendait déjà. Voilà pourquoi Marianna attendait avec impatience l’instant du serment.
La grande maîtresse dicta à l’initiée les paroles suivantes :
— En présence du grand architecte de l’Univers, devant cette auguste assemblée, je jure, sur l’autel de la Vérité, de consacrer ma vie aux sages et imposantes doctrines de la Franc-maçonnerie des femmes ; de contribuer, par tous mes efforts, à l’extension de sa domination ; d’exécuter ses ordres aveuglément et promptement ; de l’instruire de tout ce qui pourra lui être utile ou nuisible…
— Je le jure ! dit Amélie.
— Je promets et je jure de garder fidèlement dans mon cœur tous les secrets de la Franc-maçonnerie ; de ne révéler à personne ses actes et ses symboles, ni à mon père, ni à ma mère, ni à mon époux, ni à mes enfants, ni à mes proches ou à mes amis…
Amélie chancela ; néanmoins elle répéta les paroles de la grande-maîtresse, qui continua ainsi :
— Je jure de ne pactiser avec aucun de ceux dont la sentence aura été prononcée par notre tribunal, de ne point l’avertir des dangers qu’il court, de ne le soustraire à son juste châtiment ni par amour, ni par liens de famille, ni par amitié, non plus qu’en échange d’or, d’argent, de pierres précieuses ou de grades terrestres. Je le jure solennellement, sous peine de déshonneur et de mépris, au risque d’être frappée du glaive de l’ange exterminateur, et de voir s’étendre sur moi et les miens, jusqu’à la quatrième génération, la punition de mon parjure !
Ce ne fut pas sans des défaillances marquées par des moments