Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Thérèse, immobile, le regardait.

— Monsieur a peut-être eu tort de s’en revenir si tôt, dit-elle ; et je ne comprends pas que madame n’ait pas accompagné monsieur, dans l’état où il est.

— Vous pouvez vous retirer Thérèse ; je sais tout ce que je voulais savoir.

La femme de chambre obéissait ; il la rappela.

— J’attends M. le comte d’Ingrande, dit-il ; prévenez Jean afin qu’il l’introduise dans mon cabinet, au cas où je ne serais pas encore rentré.

— Comment ! monsieur veut sortir ? Monsieur n’y pense pas ! reprit Thérèse.

— Allez.

Puis il se leva. Il venait de se rattacher à un espoir. Malgré l’heure matinale, il courut chez la marquise de Pressigny ; mais ce fut pour apprendre qu’elle était partie la veille pour la campagne. Sa seule espérance anéantie, Philippe dut se retourner forcément vers le soupçon qui avait jailli dans sa pensée lors de l’interrogatoire de Thérèse. Sa femme avait été victime d’un guet-apens dressé par Marianna. C’était à Boulainvilliers que demeurait Marianna ; c’était à Boulainvilliers qu’on avait attiré Amélie. Le doute devenait presque impossible.

De retour chez lui, il trouva le comte d’Ingrande qui l’attendait. Le comte jeta un coup d’œil étonné sur Philippe et lui dit :

— Vous vieillissez, mon cher.

— Je vieillis ? murmura Philippe Beyle.

— Ah çà ! tournez-vous donc du côté de cette glace ; vous êtes cadavéreux. Mon gendre, je ne vous conseillerais pas de passer souvent vos nuits à jouer. Voici vos quatre cents louis que je vous apporte.

— Je vous remercie.

— Ces jeunes gens d’à présent ! Plus d’ardeur, plus de tempérament. C’est incompréhensible. Voyez-moi et regardez-vous.