— Et elle désire voir sa fille ; c’est encore tout simple, c’est… comme moi.
— Que dois-je répondre au laquais ? demanda Thérèse en regardant alternativement les deux hommes.
Comme aucun d’eux ne prenait la parole, elle continua :
— Monsieur veut-il que je dise que madame n’est pas à Paris ?
— Non ! s’écria Philippe Beyle ; j’attends madame d’un instant à l’autre.
Le comte d’Ingrande congédia d’un geste la femme de chambre. Dès que la porte se fut refermée sur elle, il marcha à Philippe et ne lui dit que ces mots :
— Où est ma fille ?
— Monsieur le comte…
— Répondez, où est-elle ? Votre figure renversée, vos phrases entrecoupées me font présager un malheur.
— Eh bien, oui, dit Philippe, un malheur ! Il y a un malheur sur elle comme sur moi.
— Je m’en doutais.
— On a usé d’un subterfuge, pendant mon absence, pour enlever Amélie.
— Quand ? demanda le comte terrifié.
— Hier.
— Qui ?
— Une femme.
— Philippe, vous êtes fou.
— C’est vrai, je devrais dire un démon, puisqu’il s’agit de la Marianna.
— La cantatrice Marianna ?
— Oui.
— Celle qui fut votre maîtresse ?
— Celle-là, et qui me fait cruellement expier aujourd’hui mon caprice d’autrefois.
— Au nom du ciel, expliquez-vous ! dit le comte ; dans quel but supposez-vous que cette Marianna ait fait enlever ma fille ?
— Le sais-je ?