Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/418

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— J’allais vous en faire la proposition, répondit le directeur avec empressement.

— Ensuite, messieurs, ajouta M. Blanchard, s’il vous plaît d’accepter à déjeuner dans ma voiture, je serai heureux de vous faire les honneurs de chez moi.

Le directeur échangea un sourire clément avec ses compagnons. Quelques façons furent faites pour inviter M. Blanchard à passer le premier. Il s’engagea dans l’escalier naturel et presque à pic qui monte aux bâtiments. Chaque pas déroulait à son œil charmé des nappes de verdure, des bois, des villages, des routes poudreuses et serpentines ; la Marne frétillait et brillait ; l’air s’épurait, on soupçonnait des villes à l’horizon. Les nuages étageaient leurs sommets neigeux que transperçaient par intervalles les flèches d’or du soleil.

Les visiteurs traversèrent une voûte et se trouvèrent dans le vaste préau de l’administration. Arrivé là, le directeur fit signe à un infirmier d’approcher.

— Chavet, demanda-t-il, avez-vous préparé la chambre de monsieur ?

— Ah ! c’est monsieur qui est le nouveau pensionnaire ? dit l’infirmier en regardant M. Blanchard.

— Oui. Vous allez le conduire au 10.

Et se retournant vers M. Blanchard, le directeur lui dit d’un ton paternel :

— Vous serez très bien ; rien ne vous manquera. La division où je vous place n’est composée que de gens absolument paisibles ; il y en a même plusieurs qui sont en voie de convalescence. Excusez-moi de vous quitter, j’ai mes occupations de directeur ; nous nous reverrons tantôt, vous dînerez à ma table ? Charet, vous entendez ? monsieur dînera à ma table aujourd’hui.

— Où faudra-t-il mettre son couvert ? demanda l’infirmier.

— Mettez-le à côté du romancier… entre le romancier et le colonel.

Le directeur allait se retirer, lorsque M. Blanchard, qui était resté muet, le retint vivement par le bras.