Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Moi, Irénée.

Elle était parée pour la fête ; ses cheveux noirs frissonnaient sur ses belles épaules découvertes. Irénée la saisit par la main et la fit entrer dans sa chambre. Sans le quitter des yeux, elle s’assit sur un canapé. Lui resta debout. Il était loin de s’attendre à pareille visite, et tremblement nerveux agitait tout son corps ; il fut quelques instants sans pouvoir parler. Remis de ce premier coup :

— Que voulez-vous ? demanda-t-il.

— Vous le savez.

Irénée baissa la tête et se tut.

— Je veux qu’il vive, ajouta-t-elle.

Et, comme il continuait à garder le silence :

— Un hasard m’a tout révélé. Ce matin, en revenant de chez Mme d’Ingrande, et au moment où j’allais rentrer chez moi, j’entendis du bruit dans la chambre de Philippe. Je prêtai l’oreille. Votre témoin était avec lui ; j’appris tout : votre rencontre pour demain, le lieu du rendez-vous, l’arme choisie. Irénée, j’ai rassemblé mes forces et mes résolutions pour venir vous supplier.

— Vous avez supposé que je renoncerais à ce duel ?

— J’ai tout espéré de votre cœur et de mes prières.

— Mais cet homme ne vous aime pas, vous le savez bien, ou plutôt il ne vous a jamais aimée.

— Irénée !

— Non, il ne vous a jamais aimée. Avec lui, votre vie est un martyre de toutes les heures.

— Qui vous a dit cela ? c’est faux !

— Pauvre femme ! murmura-t-il.

Il alla vers la table où il écrivait ; il y prit le carnet que nous connaissons, et le présenta à Marianna. Elle demeura confondue et muette.

— Vous voyez que je suis instruit, lui dit-il ; cet homme c’est votre malheur ; vous ne pouvez plus le nier.

Marianna soupira.