pas encore venue de les écrire ; le portrait définitif de ce Thiers-là se trouve donc ajourné ; mais on peut dès aujourd’hui affirmer que souvent le peintre se sentira terriblement embarrassé en présence d’un modèle à la fois aussi prompt à se dérober qu’à se découvrir.
Mes trois Thiers, ou si vous l’aimez mieux, mon Thiers en trois personnes, vous rappelaient tout à l’heure des vers de Voltaire ; ils me remettent également en mémoire des vers de Jean-Baptiste Rousseau, ceux par lesquels débute son ode la plus fameuse :
Tel que le vieux pasteur des troupeaux de Neptune,
Protée, à qui le ciel, père de la fortune.
Ne cache aucuns secrets,
Sous diverse figure, arbre, flamme, fontaine.
S’efforce d’échapper à la vue incertaine
Des mortels indiscrets……
Protée, en effet ; un Protée politique, telle est encore la meilleure définition qu’on puisse donner de M. Thiers.
Ainsi parla mon ami.
M. Thiers fut reçu à bras ouverts à l’Académie française le 13 décembre 1834 ; il y était entré tout naturellement, poussé par sa fortune. Il avait alors trente-sept ans et il était ministre. Son discours composé d’éléments nombreux et divers, véritable discours à facettes, commence par un éloge de l’Académie « qui contribue glorieusement à la conservation de cette belle unité française, caractère essentiel et gloire principale de notre nation ». Viennent ensuite les remerciements