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petits mémoires littéraires

tance à tout ce qu’il produit… » Voilà pour le début. « M. dle Balzac donna d’abord un ouvrage ; c’est ainsi qu’on appelle ses articles… »

Ses articles ! vous voyez l’intention de dédain.

Me Chaix d’Est-Ange ne se borna pas à défendre les intérêts de la Revue de Paris ; il se lança dans l’appréciation du Lys dans la Vallée ; et je vous laisse à penser les agréables plaisanteries, les gorges chaudes. Il termina ainsi : « Voilà l’analyse du livre… Eh quoi ! on nous laisse là. Mais que deviendront la comtesse et ce monsieur dont j’ignore le nom ? Comment cela finira-t-il ? Comment va-t-elle faire pour allier ses devoirs avec sa passion ? Celui-ci, à force de s’étendre comme une plante grimpante ; celle-là à force de l’envelopper dans ses blanches draperies, ont-ils ? Voyons, ont-ils ?… Ah ! que je voudrais bien parler comme écrit M. de Balzac, et trouver le secret de ce langage, que personne ne comprend, pour exprimer ici ce que je n’ose pas dire ! »

Et penser que c’était au nom du bon goût que Me Chaix d’Est-Ange croyait s’exprimer !

Je ne rappellerai pas les péripéties de ce procès, qui se termina d’ailleurs à là satisfaction de Balzac. La Revue de Paris fut outrée. Elle envoya une nouvelle bordée à son ancien collaborateur. La conclusion vaut la peine d’être citée :

« Que M. Balzac aille en paix ! Qu’il se repose à côté de ses illustres amis lord Byron, Walter Scott, Schiller ! Qu’il chante comme Rossini ; qu’il corrige ses épreuves plus souvent que Meyerbeer ; qu’il soit plus gentilhomme que Chateaubriand ! Il est son maître, il est quitte envers nous, ses bienfaiteurs !

» Allez donc, emportez loin d’ici cette immense quantité d’œuvres dont vous dérobiez la plus belle