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taires. Ah ! il a entrepris là une rude besogne. « Il faudrait des volumes, — dit-il à la fin de son quatrième tome, — pour réfuter tous les mensonges et toutes les sottises qu’on a débités sur madame de Maintenon. » Le malheur est qu’il ne réfute pas toujours autant qu’il le faudrait et qu’il le voudrait. N’importe ; Mademoiselle d’Aubigné, Madame Scarron et la femme de Louis XIV, — ces trois têtes dans une couronne, — n’en demeurent pas moins à ses yeux la personnification la plus resplendissante de toutes les perfections humaines. Pour un peu plus, il en appellerait à un jugement de Dieu et jetterait son gantelet dans l’arène.

À des affirmations aussi catégoriques et aussi réitérées, il semble qu’il n’y ait rien à opposer. Quelques esprits taquins, cependant, ne se sont pas déclarés convaincus. MM. Edmond et Jules de Concourt, ces chercheurs, ont trouvé ceci ; « M. de Noailles a écrit l’histoire de Madame de Maintenon sans lire à la bibliothèque de l’Arsenal, manuscrit de Conrart, série in-folio, tome XI, page 151, la lettre suivante de Madame Scarron :

« Je hais le péché, mais je hais encore davantage la pauvreté ; j’ai reçu vos dix mille écus ; si vous voulez encore en apporter dix mille dans deux jours, je verrai ce que j’aurai à faire. Je ne vous défends pas d’espérer. »

La critique, en général, s’est peu occupée de l’ouvrage de M. le duc de Noailles. Au milieu d’une indifférence, calculée dans certains journaux, M. J.-J. Ampère eut beau jeu à rompre, des lances en faveur de notre historien. — Qu’est-ce que venait faire là M. J.-J. Ampère ? En sa qualité de voyageur, il passait sans doute par hasard. — Je croirais plutôt à une