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situations fortes, avait été fait en collaboration avec un chef d’institution, M. Dinaux, connu déjà par sa part d’invention ou d’habileté (qui le saura ?) dans Richard d’Arlington, d’Alexandre Dumas.

Seul ensuite, M. Ernest Legouvé apporta au Théâtre-Français un autre drame, en vers celui-là, Guerrero, qui n’obtint qu’un succès d’estime. Ce résultat le replongea dans la collaboration. Mais cette fois il s’adressa au maître par excellence, à Scribe, qui l’initia aux secrets de son métier. Adrienne Lecouvreur, Bataille de Dames ou un Duel en amour (sous-titre malsonnant), les Contes de la Reine de Navarre, furent tout d’abord les fruits de cette association, fruits heureux, c’est-à-dire productifs, pièces bien agencées, bien montées et surtout bien jouées, — la première par Rachel, la seconde par madame Allan, la troisième par mademoiselle Madeleine Brohan, pour les débuts de laquelle elle avait été écrite. On réussirait à moins.

Mis en goût, M. Ernest Legouvé ne connut plus de bornes à son ambition : il se sépara de Scribe, — pour un moment, — afin de se consacrer à la confection d’une tragédie que Rachel lui avait demandée. Mais, une fois faite et livrée, cette pièce sur commande et sur mesure ne fut plus du goût de l’illustre tragédienne ; elle la refusa en donnant pour raison qu’elle lui allait mal. Médée, — qui fut jouée plus tard en italien par madame Ristori, — n’en demeura pas moins l’œuvre importante de M. Legouvé. Une tragédie ! peste !

Entre deux succès de théâtre, après la révolution de 1848, M. Ernest Legouvé, toujours à l’affût des circonstances (on a dit de lui qu’il s’entendait à soigner sa réputation comme un Hollandais à cultiver ses tu-