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lipes), obtint de faire au Collège de France un cours sur l’histoire morale des femmes. C’est ce cours qu’il a publié en un volume dont le succès a été attesté par de nombreuses éditions. La femme y est étudiée sous ses divers aspects de fille, d’amante, d’épouse et de mère, — ou plutôt défendue, car le livre de M. Legouvé, plein de zèle et d’ardeur, a toutes les allures d’un plaidoyer.

M. Ernest Legouvé était marqué du sceau académique ; ce fut donc tout naturellement que les Quarante l’admirent parmi eux. Ils lui donnèrent le fauteuil d’Ancelot, un autre faiseur de tragédies et de vaudevilles, l’auteur de Louis XI et de Madame Dubarry, de Fiesque et du Domino rose, de Marie de Brabant et de la Robe déchirée, du Maire du palais et de Point de lendemain.

Il fut reçu en séance solennelle le 28 février 1856.

Ne le voyez-vous pas d’ici, redressé, cambré, l’air satisfait, son cahier à la main, promenant des regards de triomphe sur l’auditoire ?

Il commença par quelques paroles de reconnaissance à la mémoire de son père ; puis l’éloge d’Ancelot l’amena à l’éloge de la tragédie, et incidemment à l’apologie de la collaboration. Enfin, une tirade bien sentie sur les femmes termina son discours, débité avec un art consommé.

Il lui fut répondu ceci par M. Flourens :

« Le sanctuaire de la famille, empreint de suaves et poétiques inspirations, sut conserver pour vous le secret des accords qui avaient fait vibrer la lyre du chantre du Mérite des Femmes. »

Que dites-vous de cette phrase ? Il n’y a que les savants pour se mettre en de tels frais de grâce.

Mais ne vous y fiez pas, une petite pointe malicieuse