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flûte, un petit acte en vers, inférieur à la Ciguë ; puis il nous convoque pour la seconde fois aux Variétés. Décidément, c’est une maladie. — Non content d’avoir fait sa montre à Alfred de Musset, il s’était amusé à découper trois actes de vaudeville dans un livre de M. Jules Sandeau : la Chasse au roman. Arnal et Leclère ne purent parvenir à faire accepter cette fantaisie indigeste, et les spectateurs demeurèrent froids à ce chœur final :

Et vous, messieurs, de grâce,
Traitez-nous doucement ;
Ne donnez pas la chasse
À la Chasse au roman !

Il ne fallut pas moins que cette épreuve pour démontrer à M. Émile Augier que le vaudeville n’était pas son fait. La perte de cette illusion dut lui être fort sensible[1]. Très porté aux décisions extrêmes, — ainsi qu’on a déjà pu le remarquer, — il se tourna vers le drame historique et écrivit pour mademoiselle Rachel Diane, pièce en cinq actes et en vers, dont le principal tort est de rappeler, quoique de fort loin, la Marion de Lorme de M. Victor Hugo. J’étais, comme toujours, à la première représentation de Diane, qui eut lieu dans l’hiver de 1852. Rachel s’y donna beaucoup de mal, sans arriver à beaucoup d’effet. M. Geffroy était superbe en cardinal de Richelieu ; malheureusement les paroles que lui avait prêtées l’auteur parurent, non sans quelque raison, malencontreuses, par rapport à la date où elles se produisaient :

  1. Il faut également ranger à cette même date environ un livret d’opéra de M. Émile Augier, Sapho, musique de M. Gounod.