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petits mémoires littéraires

manquent absolument de vitalité, et la jeunesse, dont l’enthousiasme sait où se porter, s’honore justement par le dédain d’un passé qui n’est représenté que par des œuvres aussi misérables que Ninus II.

On ne s’étonnera pas de ce qu’essayant de portraiturer certains académiciens, je m’arrête surtout sur cette phase principale de leur existence : leur entrée à l’Académie. C’est le plus beau jour de leur vie ; c’est aussi celui où leur attitude, leur langage, tout a une signification, tout est un engagement.

Jules Sandeau ne cherche pas à dissimuler les chutes de Jane Gray et de Charles de Navarre. « M. Brifaut n’était pas, dit-il, de ces écrivains opiniâtres qui s’acharnent à vouloir amuser les gens malgré eux ; après deux sommations, il se tint pour averti : il renonça aux hasards du théâtre et se retira dans les salons, où il ne devait compter que des succès. »

Ce mot de salons revient fréquemment dans le discours de M. Sandeau :

« Déjà les salons ne l’attiraient pas moins que le théâtre….

» Les salons se disputaient sa présence….

» Repoussé au théâtre, il se réfugia dans les salons aristocratiques….

» Il produisait sans relâche, cet homme que les salons pensaient posséder tout entier…. »

Que M. Brifaut reste au salon ; je n’hésite pas à croire que là était sa vraie place. Son biographe raconte qu’il avait trouvé dans la maison du duc d’Uzès ce que la Fontaine avait trouvé chez madame de la Sablière. Rien de mieux. Sandeau part de là pour établir un parallèle entre M. Brifaut et…… Voiture, car il n’ose pas le comparer à la Fontaine. Il lui