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petits mémoires littéraires

trouve un charme, une grâce, une élégance comme à Voiture. « Ses lettres, ses billets surtout, ses billets du matin sont d’un joli tour, d’une vive allure, et je regrette qu’on ne les ait pas recueillis. » Je le regrette également ; le beau livre que nous aurions eu là : les Billets du matin de M. Brifaut !

J’abrège. Le discours de Jules Sandeau, étroit et gêné, se relève à la fin par un éloge spontané de Balzac, « le romancier le plus profond, un des plus vigoureux génies de notre siècle. »

À la bonne heure !

Les commencements littéraires de Sandeau ont une grâce romanesque. Léonard-Sylvain-Jules Sandeau arriva d’Aubusson à Paris vers 1830, à peine âgé de vingt ans.

On le destinait au droit, il se destina à la littérature. Son premier roman fut écrit en collaboration ; il était intitulé Rose et Blanche, et signé Jules Sand. — Rose et Blanche ne paraît pas avoir eu un grand retentissement, malgré la vignette romantique dont l’éditeur l’avait décoré, et bien que les exemplaires en soient introuvables aujourd’hui. La collaboration fut brisée et elle ne se renoua jamais.

Seul désormais, Sandeau s’achemina vers les revues qui lui furent hospitalières. C’était un jeune homme très doux et suffisamment paresseux pour ne point alarmer ses confrères. Il rencontra sur le seuil de la Revue de Paris un autre jeune homme aussi doux que lui, M. Arsène Houssaye, avec qui il se lia d’amitié, — et avec qui il publia un livre de nouvelles blondes.

Jules Sandeau était déjà ce talent délicat et ému que l’on connaît. Ses petites compositions d’un accent