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palement dans la Vieillesse de Richelieu une aisance d’allures, une variété de situations, un enjouement de dialogue, qui en rendraient la reprise fort agréable.

Tout semblait l’encourager dans ce chemin facile et heureux ; cependant on le vit s’arrêter et tourner court. Que lui était-il donc arrivé ? C’est qu’entre l’Odéon et le Théâtre-Français il avait rencontré une oasis à son gré, la Revue des Deux-Mondes, un refuge de haut lieu, quelque chose comme ces aristocratiques couvents d’où l’on peut sortir à toute heure, sous la condition d’être rentré avant minuit. La Revue des Deux-Mondes demeurait alors rue Saint-Benoît, à un entresol précédé d’un petit jardin que toute la littérature contemporaine a traversé. Il faut croire que ce petit jardin, malgré ses maigres bordures de buis, rappela un peu Saint-Lô à M. Octave Feuillet, puisqu’il s’y installa, non pas pour quelques jours, mais pendant plusieurs années, régulièrement.

Il y commença une série d’esquisses dialoguées, de proverbes, de saynètes ; le dramaturge de la veille se réduisit aux proportions d’un imprésario de paravent.

Les premières de ces compositions n’ont que la valeur de simples essais ; le pastiche s’y affiche avec candeur. Ce sont des puérilités cavalières, des contes d’Espagne et d’Italie, des fantaisies à panaches et à éperons, un romantisme de seconde main. M. Octave Feuillet employa ainsi un an ou deux à se débrouiller ;

    rateur. Il ne s’est jamais retrouvé complètement. Que de dons gaspillés ! — Il a pourtant écrit et signé seul les Puritains de Paris, un roman en 20 volumes. Vingt volumes ! pas un de moins. — Je m’en serais voulu, et M. Octave Feuillet aurait été le premier à m’en vouloir également, de n’avoir pas restitué à M. Paul Bocage la part de lumière qui lui revient, si fugitive qu’elle ait été.

    ch. m.