d’incroyables efforts de volonté, — auprès de cette tête vivace, dans tout l’épanouissement de la force et de l’intelligence ! Ces deux pâleurs solennelles : la pâleur de celui qui parle et la pâleur de celui qui écoute ! Et quel cours d’histoire que cette histoire de la dernière heure racontée par Talleyrand ! Toute la Révolution, tout l’Empire, toute la Restauration, tombant goutte à goutte de cette poitrine oppressée dans cette oreille effarée !
Mais l’imagination m’égare peut-être ; peut-être les choses se passèrent-elles plus simplement, plus prosaïquement ; peut-être Talleyrand ne se livra-t-il pas tout entier. Cette dernière opinion fut celle de la société parisienne, à en juger par le quatrain suivant qu’on fit courir :
Il a trompé, du même coup,
(Si ce n’est vrai, c’est vraisemblable,)
Le bon Dieu, le monde et le diable,
Et de Quélen et Dupanloup.
Il y a d’autant plus lieu de s’étonner, — ou du moins de réfléchir, — sur le choix fait par Talleyrand, que M. Dupanloup avait été déjà le confesseur du duc de Bordeaux, l’aumônier de Madame la Dauphine et le catéchiste des jeunes princes d’Orléans (tout cela se conciliait aisément dans ce temps-là). — Qu’était donc cet abbé, jugé digne de tant de faveurs si hautes ? Mon Dieu ! c’était tout simplement un sulpicien distingué, un prédicateur élégant (voire un peu redondant), et principalement un catéchiste supérieur, — ce qu’il est resté toujours.
Notre intention n’est point de le suivre pas à pas dans une carrière étonnamment remplie et agitée