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petits mémoires littéraires

Charles-Quint à lady Russell, de Sobieski au général Athalin, de madame de Longueville à Marie-Antoinette, de Washington à M. Edmond About, du président de Brosses à madame Agénor de Gasparin, de Montaigne à Fouquier-Tinville, de Cambronne à M. Louis Veuillot, du chanoine Maucroix au docteur Véron, de madame de Maintenon au maréchal Soult, etc. etc.

Je ne dirai pas de tous ces volumes quel est le meilleur. Ils se valent tous. Si l’on insiste pour savoir au moins quel est le plus attrayant, le plus jeune, je répondrai que M. Cuvillier-Fleury n’a jamais eu de jeunesse littéraire. Dès ses premières pages il s’est montré ce qu’il devait être. À l’état calme, il cherche la bonhomie, et il y arrive parfois. À l’état orageux, l’amour du pouvoir le ressaisit ; alors il a le ton de la leçon, la sévérité gourmée ; sa critique sent le corrigé presque le pensum, malgré ses efforts pour se retenir, — car il a par instants le flair de ses défauts.

En général, son idéal ne dépasse pas certaines hauteurs. De l’agitation, mais peu d’enthousiasme. Plus d’irritation que de mélancolie. Des sentiers complètement fermés, surtout en poésie, qu’il est bien tenté d’appeler la versification. Dans le roman, il lui suffit d’une fiction agréable. Il ne peut souffrir Stendhal qui avait, dit-il, « une rare facilité et nul talent, » C’est le contraire qui est le vrai. La Chartreuse de Parme est pour lui un « absurde et insipide ouvrage ». Il se crée aussi des illusions à son gré, pour les besoins de ses causes ; c’est ainsi qu’on l’entendra se demander et se répondre : « Qu’est-il resté de tout ce que le romantisme a essayé de fonder ? Rien. Qui songe à invoquer les théories de la préface de Cromwell ? Qu’est-il