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CHAPITRE XXXIII

Autre académicien. — Joseph Autran.

« La maison de mon père s’élevait autrefois, dans la partie la plus antique de Marseille, à l’extrémité même du rivage. Toutes les villes maritimes ont de ces quartiers voisins du flot, recherchés de préférence par d’anciens marins qui, désormais retirés à terre, aiment à avoir une fenêtre ouverte sur les espaces jadis parcourus. Le visiteur qui pénétrait dans ces modestes habitations y remarquait dès le seuil une propreté irréprochable, vertu contractée à la mer ; il s’y préoccupait aussi d’un arôme étrange, odeur particulière à l’intérieur des navires. Les honneurs étaient faits par de gracieuses femmes, que leur fortune ordinairement étroite n’empêchait pas de pratiquer une généreuse et souriante hospitalité : sur une nappe lestement déployée, elles se hâtaient de vous offrir sorbets, confitures des îles, tafia de la Martinique, et profitaient de l’occasion pour vous montrer les belles étoffes du Levant, les fines gazes de la Chine, les pa-