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petits mémoires littéraires

Ailleurs, M. Doucet raille spirituellement son spéculateur, après le remboursement opéré en secret par le fils :

XXXXXXXX …Vous avez conquis l’opinion ;
Vous allez concourir pour le prix Montyon…
À merveille ! Le monde est vertueux ; il aime

Les belles actions qu’il ne fait pas lui-même.
 
D’ailleurs, c’est amusant, quand on est assez riche,

D’acheter des vertus qu’en public on affiche.
Si vous aviez payé jadis, tout bonnement,
Qui diable parlerait de vous en ce moment ?
Donc, il faut avoir pris un peu pour pouvoir rendre.

M. Camille Doucet, — personne n’en ignore, — a occupé pendant longtemps un emploi public. En 1853, il était nommé chef de la division des théâtres au ministère d’État ; en 1863, il passait, avec le même titre, au ministère de la maison de l’Empereur.

Auteur applaudi, fonctionnaire en vue et généralement aimé, il pouvait se dire un homme heureux. Quelque chose cependant manquait à son bonheur : l’Académie ! Après la mort de Scribe, on le vit traverser furtivement le pont des Arts et se diriger vers le palais de l’Institut. Sous la porte il se rencontra avec M. Autran. Les deux candidats furent favorablement accueillis par les Trente-Neuf, et peu s’en fallut que l’un ou l’autre ne fût élu de prime abord.

Cependant, ainsi que cela arrive souvent à l’Académie, ni M. Camille Doucet, ni M. Autran ne furent nommés ce jour-là. Ce fut M. Octave Feuillet qui mit les voix d’accord.

Mais ce n’était qu’un petit retard pour l’auteur de la Considération, qui, le 22 février 1866, venait prendre possession du fauteuil d’Alfred de Vigny.

Depuis sa réception, M. Camille Doucet n’a plus rien