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petits mémoires littéraires

produit, ou du moins il n’a plus rien publié. Une fois cependant, en 1869, il a rompu le silence et lu, dans une séance publique des cinq Académies, une sorte d’épître familière intitulée : Mon Voyage. En voici le début :

Je ne recherchais pas l’honneur que l’on m’impose ;
Le silence me plait… pour beaucoup de raisons ;
Mais à notre programme il manquait quelque chose :
Les petits vers font bien après la grande prose,
Et tout finit par des chansons.

Donc, vers la fin de juin, pour quatre ou cinq semaines.
J’allais partir ; j’allais voir les monts et les plaines,
Quand notre président me dit : « C’est votre tour…
Avant le quatorze août vous serez de retour.
Pour la réunion que ce jour-là ramène,
Faites-nous quelques vers, un poème, une scène,
Un conte, moins que rien… » La belle occasion
Que j’avais d’être absent ou de répondre : Non !
Mais l’échéance était si loin… En perspective
Rien ne semble devoir arriver ; — tout arrive.
À vous, chers auditeurs, je n’avais pas songé !
Je promis, je partis… vieil enfant en congé !

Dès la première nuit, dans l’express de Marseille,
Je me disais : « Faisons pour eux quelque merveille ;
Jusqu’aux plus hauts sommets essayant de monter.
Ma muse rajeunie aimerait à chanter.
Chantons !… » Le train s’arrête. Ô grandeur et ruine !
Nous étions à Mâcon… Mâcon de Lamartine !

C’est de la poésie en pantoufle, comme on voit. Le tour en est suranné jusqu’à faire croire au pastiche.

Après avoir payé son tribut de regrets à Lamartine, — Lamartine de Mâcon, pour parler son langage, — l’auteur se remet en route ; mais arrivé à Vienne, il se heurte à un autre souvenir, à une autre ombre, à Ponsard. Nouvel accès d’attendrissement.