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petits mémoires littéraires

Un commissaire, des soldats, — comme dans la gravure. « Que personne ne bouge ! » Personne n’y songeait, ne se sentant pas coupable.

Le commissaire de police procéda, séance tenante, à une perquisition minutieuse. Il trouva chez notre hôte deux pistolets en mauvais état, un fusil sans batterie, des brochures politiques et une statuette de la Liberté, petit module.

En dépit du mince résultat de la saisie, nous fûmes tous conduits à la Conciergerie. Nous y passâmes la nuit dans un parloir dallé — c’était au moins une attention, un procédé auquel nous fûmes sensibles.

Voilà, mon cher monsieur Régamey, le récit de mon arrestation rétabli dans toute sa vérité historique. Cette vérité ne vaut peut-être pas votre joli tableau d’intérieur.

Que voulez-vous ? Je tiens à mon attitude politique.

J’ajouterai quelques mots pour ceux de mes lecteurs curieux de connaître la suite de cette aventure, qui me montre à eux sous un jour nouveau et imprévu.

Le lendemain matin, on m’installa dans une cellule qui n’avait rien de lugubre. Il me fut permis de faire venir ma nourriture du dehors (on va railler encore) et d’écrire à qui je voudrais.

Après déjeuner, M. Boudrot, commissaire aux délégations, me conduisit en voiture à mon domicile, afin que je fusse témoin des recherches qu’on voulait y faire. Deux agents étaient avec nous. Je laisse à deviner l’effet produit dans ma maison : on dut penser que j’étais devenu un grand criminel.

Deux heures de remue-ménage à travers mes papiers n’ayant amené aucun résultat, on me ramena à la préfecture avec le même cérémonial. J’étais fondé à croire