Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/15

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bravade, elle les employa à tirer lentement ses gants & à se boutonner jusqu’au menton d’un air héroïque. Puis, elle se mit en garde, et, après avoir croisé le fer, elle s’affaissa tout à coup en portant la main à son cœur & s’écriant : — « Touché !…  »

Mensonge ! — L’école de Voltaire est morte de sa belle mort, & sans avoir eu besoin de personne pour l’y aider. Elle est morte de vieillesse & pas autrement ; parce qu’elle avait vécu sa vie pleine & entière, & qu’il était temps de mourir.

Ses derniers disciples, — en tête M. de Jouy, — l’assistèrent pieusement jusqu’à la fin. Ils reculèrent autant que possible l’instant fatal, & escarmouchèrent autour d’elle avec une présence d’esprit & un semblant de sécurité vraiment remarquables. À peine si l’on compte une défection dans cet autre Waterloo, — celle de M. Soumet, un Bourmont littéraire. On eût dit qu’ils avaient encore cent ans à vivre, tant leur riposte était allègre & leur coup de feu décisif. L’opinion publique en fut ébranlée plus d’une fois & n’en assista que plus curieusement à ce dernier acte de tragi-comédie.

M. de Jouy s’est beaucoup moqué de nous dans ces derniers temps-là. — Il a eu quelquefois raison. Il préférait toujours son carrick à nos surcots moyen âge, à nos manteaux espagnols,