Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/182

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sur mon front ; laisse tomber un baiser sur ma lèvre, comme une rosée sur la fleur flétrie.

Canélia. — On ne peut rien refuser à un malade. Souffrez-vous encore, mon cousin ?

Joséphin. — Au contraire, belle cousine ; encore un baiser & j’irai à ravir.

Canélia. – Si mon oncle nous voyait… Finissez ! »

Joséphin ne finit pas, & l’oncle les voit ; il ne sait trop, cet oncle, s’il doit se fâcher ou rire, mais sa bonté l’emporte. De son côté, Joséphin prononce en ces termes son abdication poétique :

« Joséphin. — Je renonce à Satan, à ses pompes & à mes œuvres. Je n’ai pas dîné, je n’ai pas un sou, j’aime ma cousine, & je me fais drapier, marguillier, allumeur de réverbères, s’il vous plaît. Ô figure symbolique de l’industrie, que tu es enchanteresse ! ô sirène fallacieuse, qui nages dans le vert-de-gris des gros sous, que tes charmes sont puissants sur un poëte à jeun !

Le père. — Mes chers enfants, je vous unis ; allons nous livrer à la joie.

Joséphin prend un bonnet de coton des mains de son père & s’en couvre la tête. — Ô sacré flambeau du genre, étouffe-toi sous l’éteignoir ! »

Cette fin a été imitée très-visiblement dans Jérôme Paturot.

Le même journal ayant publié César Birotteau, un des chefs-d’œuvre de Balzac, Édouard