Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/32

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que le propriétaire actuel, sans presque rien y changer, a divisée en petits appartements qu’il loue pour la saison fleurie.

Pendant le trajet, M. de Balzac avait développé à Lassailly ses plans, ses comédies, ses éditions à remanier, ses projets de revue, ses rêves d’administration pour la Société des gens de lettres, ses traités avec les journaux, ses procès, ses grands voyages, sa doctrine politique, ses inventions industrielles, ses idées sur l’ameublement, sur le costume, sur la démarche, sur l’hygiène, sur les sciences occultes, sur le sentiment religieux, sur les tribunaux et sur les banques de toutes les nations.

Quand on arriva aux Jardies, Lassailly avait la tête grosse comme une mosquée.

Il n’osait souffler mot, cependant.

M. de Balzac l’attela à une besogne de Titan et le soumit à un de ces incroyables régimes dont il a été souvent parlé : café toutes les heures, épinards, oignons en purée, sommeils interrompus.

L’étonnement soutint Lassailly pendant les premiers jours et pendant les premières nuits. Toutefois, ses pommettes rougissaient, et ses yeux commençaient à sortir de leur orbite !

M. de Balzac, au contraire, était joyeux et à l’aise comme une salamandre dans un bon feu. Il