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fabliau i

Qu’ils ne font as bons trovéors
Qui contruevent ce que il dient
Et qui de nului ne mesdient.
195Assez voi souvent maint ribaut
Qui de parler se font si baut
Que ge en ai au cuer[1] grant ire.
Et tu, bordons, que sez[2] tu dire.
Qui por menesterel te contes ?
200Sez[3] tu ne beax diz ne beax contes
Pourquoi tu doies riens conquerre ?
De quoi sers tu aval la terre ?
Ce me devroies tu retraire.
Ge te dirai que ge sai faire :
205Ge sui jugleres[4] de vièle ;
Si sai de muse et de frestèle
Et de harpe et de chifonie.
De la gigue, de l’armonie ;
Et el salteire et en la rote
210Sai-je bien chanter une note ;
Bien sai joer de l’escanbot
Et faire venir l’escharbot
Vif et saillant dessus la table,
Et si sai meint beau geu de table
215Et d’entregiet et d’artumaire[5]
Bien sai un enchantement faire ;
Ge sai moult plus que l’en ne cuide,
Quant g’i vueill[6] mestre mon estuide,
Et lire et chanter de clergie.
220Et parler de chevalerie,
Et les preudhomes[7] raviser,

  1. 197 — cueur, lisez cuer.
  2. 198 — sès, lisez sez.
  3. 200 — Sès, lisez Sez.
  4. 205 — jongleres, lisez jugleres.
  5. 215 — arrumaire, lisez artumaire.
  6. 218 — vueil, lisez vueill.
  7. 221 — prudhomes, lisez preudhomes.