ristote, ils ne se peuvent prêter ni donner rien. Voilà pourquoi les faiseurs de lois, pour honorer le mariage de quelque imaginaire ressemblance de cette divine liaison, défendent les donations entre le mari et la femme, voulant inférer par-là que tout doit être à chacun d’eux, et qu’ils-n’ont rien à diviser et partir[1] ensemble.
Si, en l’amitié de quoi je parle, l’un pouvait donner à l’autre, ce serait celui qui recevrait le bienfait qui obligerait son compagnon : car cherchant l’un et l’autre, plus que toute autre chose, de s’entre-bien faire, celui qui en prête la matière et l’occasion est celui-là qui fait le libéral, donnant ce contentement à son ami d’effectuer en son endroit ce qu’il désire le plus. Quand le philosophe Diogène avait faute d’argent, il disait qu’il le redemandait à ses amis, non qu’il le demandait. Et pour montrer comment cela se pratique par effet, j’en reciterai un ancien exemple singulier. Eudamidas, corinthien, avait deux amis, Charixenus, sicyonien, et Aretéus, corinthien : venant à mourir, étant pauvre, et ses deux amis riches, il fit ainsi son testament : « Je lègue à Aretéus de nourrir ma mère, et l’entretenir en sa vieillesse ; à Charixenus, de marier ma fille, et lui donner le douaire le plus grand qu’il pourra : et au cas que l’un d’eux vienne à défaillir, je substitue en sa part celui qui survivra. »
Ceux qui premiers virent ce testament s’en moquèrent ; mais ses héritiers en ayant été avertis l’acceptèrent avec un singulier contentement : et l’un d’eux, Charixenus, étant trépassé cinq jours après, la substitution
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