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Page:Montaigne - Journal du Voyage en Italie, 1774, vol1.djvu/251

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s’élançant contre-mont à la hauteur d’une picque. Entre ces deux gardoirs, il y a place de dix pas de large planchée d’ais ; au travers de ces ais, il y a force petites pouintes d’airain qui ne se voyent pas. Cependant que les dames sont amusées à voir jouer ce poisson, on ne faict que lacher quelque ressort : soudein toutes ces pouintes elancent de l’eau menue & roide jusques à la teste d’un home, & ramplissent les cotillions des dames & leurs cuisses de cette frecheur. En un autre endret où il y a un tuieau de fontene, plesante, pendant que vous la regardez, qui veut, vous ouvre le passage a des petits tuieaus imperceptibles qui vous jettent de cent lieus l’eau au visage à petits filets, & là il y a ce mot latin : Quæsisti nugas, nugis gaudeto repertis. Il y a aussi une voliere