Page:Montaigne - Journal du Voyage en Italie, 1774, vol1.djvu/429

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de jours il eût ayséemant reguidé son guide. « Il disoit, qu’on ne voïoit rien de Rome que le Ciel sous lequel elle avoit esté assise, & le plant de son gite ; que cete science qu’il en avoit estoit une science abstraite & contemplative, de laquelle il n’y avoit rien qui tumbat sous les sens ; que ceus qui disoint qu’on y voyoit au moins les ruines de Rome, en disoint trop ; car les ruines d’une si espouvantable machine rapporteroint plus d’honneur & de reverence à sa mémoire ; ce n’estoit rien que son sepulcre. Le monde ennemi de sa longue domination, avoit premieremant brisé & fracassé toutes les piecces de ce corps admirable, & parce qu’encore tout mort, ranversé, & desfiguré, il lui faisoit horreur, il en avoit enseveli la ruine mesme. Que ces petites montres de sa ruine qui paressent encores au dessus de la biere, c’étoit la fortune qui les avoit conservées