Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/12

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on arrive tout droit : c’est que jamais et nulle part on n’a vu une nation aussi officiellement irréligieuse que la France de nos jours.

Il ne s’agit pas en cela de ce qu’il peut y avoir encore de foi dans la population, du nombre plus ou moins grand de chrétiens ou de juifs croyant à la religion dont ils portent le nom, parmi les trente-quatre millions de Français : il s’agit de la France comme force sociale, comme puissance publique ; il s’agit de son attitude nationale au sein du monde civilisé.

C’est pour la première fois, depuis que le monde existe, qu’on voit une grande nation gouvernée par des hommes d’État qui seraient aussi embarrassés d’avoir une conviction religieuse qu’on l’eût été autrefois de n’en avoir pas.

C’est pour la première fois qu’on voit des assemblées politiques se réunir, délibérer et se séparer sans proclamer, par un acte quelconque, leur croyance au Dieu dont émane toute justice et toute vérité.

C’est pour la première fois qu’on voit l’élite des enfants d’un peuple condamnés à recruter des légions, à s’entasser sur des flottes d’où tout symbole et tout secours religieux sont systématiquement bannis.

C’est pour la première fois, enfin, que les jours consacrés au repos, à la douleur ou à la joie, par la loi religieuse, sont ouvertement et opiniâtrement