Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/23

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nir dans son sein une institution funeste, à la charge d’en supporter les conséquences, tout comme il a la faculté de se précipiter dans une guerre désastreuse, ou d’introduire le déficit comme base de son système financier. Mais l’État n’a pas le droit, sous peine de violer la constitution qui est la condition même de son existence, d’imposer à tous les citoyens un système d’éducation qui compromet le maintien de la croyance religieuse au sein de leurs familles. De ce que l’État n’a point de religion, il n’en résulte point pour lui la faculté d’empêcher les citoyens d’en avoir. Bien loin de là, la Charte non-seulement promet la liberté d’enseignement, mais elle garantit solennellement la liberté religieuse : cette liberté en ce qui touche à une religion positive comme le catholicisme, n’est plus qu’une dérision, si en vertu d’une série de dispositions extralégales, rendues en l’absence de toute représentation nationale, le pouvoir exécutif se trouve investi du droit exclusif de façonner les croyances et les mœurs de l’enfance, au profit soit d’une religion particulière, soit, comme il arrive dans l’espèce, au profit d’un rationalisme purement négatif. Qu’il ouvre des écoles sans religion à cette portion si considérable du peuple français, pour qui la religion n’est qu’une fiction, cela est dans son droit jusqu’à un certain point ; mais qu’il s’arroge l’atroce pouvoir d’y parquer les enfants de ceux qui regardent la foi catholique comme la base unique et sou-