Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/27

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combattre l’Université, c’est se constituer l’ennemi de l’État. Ils vont même jusqu’à dire que le monopole de l’enseignement appartient de droit à l’État, comme celui de la force judiciaire ou de la force militaire. L’Université, cette innovation du despotisme moderne, se trouve ainsi assimilée à la magistrature et à l’armée, ces deux fondements perpétuels de toute société civilisée ; et, s’il fallait en croire ces nouveaux docteurs, il serait aussi téméraire et aussi anti-social d’ouvrir une maison d’éducation en dehors des méthodes de l’État, que de lever un régiment sous d’autres couleurs que le drapeau national, ou de constituer un tribunal de sa propre autorité. On conçoit quel serait l’avenir réservé à la liberté de la presse, à la liberté de conscience, à tous les droits de l’intelligence et de l’âme, si un aussi monstrueux système pouvait prévaloir jamais dans notre pays. Qu’il ait seulement été avancé et sérieusement affirmé, en voilà assez pour montrer quel est le genre de progrès auquel aboutissent en dernier ressort ces réformes, ces prétendues conquêtes de l’intelligence et de la liberté, qui ont commencé partout par affranchir les hommes de la sainte et maternelle autorité de l’Église, pour les courber ensuite sous les caprices despotiques d’un égoïsme éphémère.

Remarquons, en passant, par quelle bizarre et vengeresse contradiction ces apôtres du progrès, après avoir fondé la législation et la société nou-