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Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/28

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velle sur le triomphe jaloux de l’individualisme, sur l’exclusion de tout principe d’association et de corporation, se trouvent subitement amenés à identifier l’État avec la corporation la plus puissante, la plus envieuse, et la plus ambitieuse qu’on ait encore vue dans notre pays. Ils ne s’aperçoivent pas qu’il y a là quelque chose d’inoui, quelque chose que la civilisation antique n’a pas connu, que Rome païenne, si jalouse d’absorber l’individu dans la cité, n’a jamais tenté, quelque chose dont l’Europe entière, dans le présent ni dans le passé, n’offre pas un second exemple : car même sous les gouvernements les plus despotiques, il y a des Universités surveillées par l’État ; mais nulle part elles ne sont l’État même ; nulle part l’État ne s’est fait directement maître d’école.

Mais nous n’avons point à approfondir cette doctrine et ses conséquences comme catholiques, parce que, encore une fois, les catholiques ne dirigent pas les destinées de l’État, et très probablement ne les dirigeront jamais de notre temps. Voici seulement ce que nous avons à dire sur ce point. S’il plaît à l’État de s’identifier avec l’Université, d’adopter pour siennes la haine, l’envie, la cupidité pécuniaire qui enflamme contre nous les membres influents de ce grand corps, tant pis pour l’État, car il aura livré ses destinées à l’anarchie intellectuelle et morale. Le jour où il sera bien constaté que l’État reconnaît pour ses pontifes et ses organes ces risi-