Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/30

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voir imprescriptible à intervenir dans l’éducation. Ils veulent bien ne pas inventer pour les prêtres catholiques quelque entrave spéciale, mais ils repousseront avec persévérance et en principe la liberté, parce qu’ils prévoient qu’elle profitera surtout au clergé. Selon eux, l’Église est dans l’État pour les choses temporelles, et l’instruction publique étant une chose temporelle, il faut à tout prix empêcher l’Église d’y intervenir d’une façon indépendante de l’État, ou d’y exercer une influence considérable. Ces esprits, à la fois si orgueilleux et si aveugles, ne craignent pas d’avancer cette doctrine en présence du témoignage unanime des peuples chrétiens, qui ont de tout temps reconnu l’éducation comme une portion pratique de la religion, et comme un droit inhérent au sacerdoce.

De nos jours, et autour de nous, tous les peuples libres, plus libres que la France, rendent hommage par le fait à l’imprescriptible vérité de ce principe. Personne ne niera que la constitution de la Belgique et celle des États-Unis ne soient plus libérales encore que celle de la France : or, en Belgique, grâce à l’application sincère de la constitution, l’éducation des enfants de la majorité est dirigée par les ministres du culte de cette majorité. Et dans l’Amérique du Nord, la grande diversité des religions n’a servi qu’à proclamer d’une façon plus incontestable encore le triomphe de cette loi sociale, puisqu’au dire de observateur le plus profond et le plus impartial