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Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/31

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que ce pays ait eu, la plus grande partie de l’éducation y est confiée au clergé[1].

Quant à l’Angleterre, qui pourrait comparer, sous le rapport de la liberté, le pays où on a pu impunément et tous les jours, pendant une année, comme M. 0’Connell, rassembler, haranguer et discipliner dans le sens le plus hostile au pouvoir cent mille citoyens, avec le nôtre, où un député ne peut pas seulement rendre ses comptes à ses commettants, sans que la police n’intervienne et n’empêche, comme on l’a vu naguère à Toulouse. Eh bien ! dans ce pays, à la fois si puissant et si libre, l’enseignement public est exclusivement dirigé par le clergé. Les deux universités d’Oxford et de Cambridge, les grandes écoles publiques d’Eton, Harrow, etc., d’où sont sortis ces grands orateurs, ces écrivains, ces hommes d’état, que M. Villemain se plaisait autrefois à nous faire connaître, dans ses cours de la Sorbonne ; toutes ces institutions, dont l’antiquité, la renommée et la popularité sont sans rivales en Europe, relèvent exclusivement de l’Église établie[2] ! ce qui d’ailleurs n’empêche pas l’existence d’innombrables écoles dirigées par le clergé

  1. M. de Tocqueville, de la Démocratie en Amérique, t. II, p. 230.
  2. Il y a, surtout à Cambridge, un certain nombre de chaires occupées par des laïques ; mais dans les deux Universités comme dans les collèges de Winchester, Eton, Westminster, Harrow et Rugby, où Sont élevés tous les enfants des classes supérieures, tous les chefs et la plus grande partie des maîtres sont ecclésiastiques.