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Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/32

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catholique et dissident, et entr’autres de plusieurs colléges de jésuites. Mais qu’importent à nos docteurs modernes des exemples si universels et si éclatants ? En s’affranchissant de l’autorité infaillible de l’Église, ils ont acquis le don de se persuader qu’eux seuls possèdent la vérité ; et qu’en dehors de leurs pensées il n’y a qu’erreur et ténèbres.

Si en Prusse et dans les autres royaumes européens, l’État a graduellement remplacé le clergé comme puissance directrice de l’éducation publique, la différence radicale qui existe entre la forme de ces gouvernements despotiques et le nôtre, semblerait devoir suffire pour interdire l’imitation de leur système d’enseignement dans un pays dont la constitution est basée sur la liberté. Mais en outre tous ces États, qui reconnaissent tous une ou plusieurs religions nationales, ont assigné aux ministres de ces religions une influence, sinon complètement indépendante, du moins prédominante et obligatoire dans leur organisation[1]. On peut affirmer qu’il n’existe pas et qu’il n’a jamais existé dans le monde un système d’enseignement public livré exclusivement à un corps laïque et séculier comme

  1. C’est ce qu’a parfaitement démontré M. Cousin lui-même dans ses rapports officiels sur l’enseignement en Prusse, en Hollande, etc. Voir aussi un excellent travail sur le caractère religieux de l’instruction primaire en Prusse, comparée à celle qui se donne en France, par M. Aurélien de Courson, dans la Revue de l’Armorique, n° 4, p. 214.