Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/33

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l’Université de France. Quels sont d’ailleurs, même avec cette intervention puissante et obligatoire de l’élément religieux, quels sont les résultats de ce système moderne et absolutiste de la direction de l’enseignement par l’État ? En Allemagne, ils ne sont rien moins que satisfaisants, et des juges désintéressés n’hésitent pas à reconnaître que dans cette ancienne patrie de l’érudition et de la philosophie, une génération de médiocrités incontestables a remplacé ces grandes constellations intellectuelles qui brillaient à la fin du dernier siècle et au commencement du nôtre[1].

Il ne serait pas difficile, je pense, de constater les mêmes résultats quant à la France, et de démontrer l’infériorité des générations formées par l’Université, comparée à celle des Chateaubriand et des Cuvier. Depuis les statistiques de la justice criminelle jusqu’aux feuilletons de nos journaux les plus répandus, tout démontre suffisamment que ni la moralité publique, ni la dignité des lettres n’ont gagné à la propagation moderne de l’instruction telle que l’État la débite parmi nous. On peut hardiment conclure que le mal ne fera qu’augmenter sous l’influence d’un système qui a cru pouvoir

  1. Nous engageons vivement toutes les personnes qui veulent se faire une idée exacte des résultats réels de l’instruction publique en Prusse, à consulter l’ouvrage remarquable de M. Laing, voyageur anglais, protestant et démocrate, intitulé : Notes of a traveller on the social and political state of France, Prussia, etc.