Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/34

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suppléer à l’unité des croyances par l’uniformité des méthodes, et qui affaissera peu à peu le génie autrefois si fécond et si brillant de la France sous le joug de la médiocrité intellectuelle et d’une moralité négative.

On a déjà vu le chef actuel du monopole universitaire, mu sans doute par le désir de stimuler la générosité des contribuables, avouer dans son récent rapport au roi sur l’instruction secondaire, que la France moderne, malgré les ressources du budget et les exactions de la rétribution universitaire, offrait à la jeunesse avide de s’instruire beaucoup moins de ressources que ne lui en avait assurées sous l’ancien régime la munificence durable du clergé, de la noblesse et des corporations municipales. Qui sait si on ne verra pas un jour quelque successeur de M. Villemain reconnaître par un nouveau cri de détresse que le système moderne le cède autant à l’ancien sous le rapport de la qualité que sous celui de la quantité, que le soi-disant gouvernement des capacités a introduit peu à peu le règne de l’incapacité, et que sous l’égide de l’enseignement officiel, le niveau intellectuel de la France a baissé ? C’est là du reste l’affaire des hommes à qui la France a permis de disposer de ses destinées. La nôtre, comme catholiques, est d’empêcher l’abaissement parallèle du niveau moral au sein de nos propres familles. Nous ne sommes pour rien dans l’invention de