Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/35

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ce système désastreux, nous n’en avons été que les victimes, et jamais les complices. Soyons au moins les premiers à le dénoncer et à nous en affranchir.


IX


Il faut bien l’admettre du reste, l’Université et ses défenseurs en repoussant le sacerdoce catholique de l’enseignement, sont d’accord avec la marche continue de cet odieux despotisme qui se déguise partout sous le nom d’esprit moderne ou de progrès social, et qui consiste à absorber dans l’unité factice de l’État toute la sève et toute la force de la vie sociale. On a commencé par détendre et briser tous les ressorts qui imprimaient à l’homme une impulsion permanente vers un monde meilleur, vers une vie plus haute, et qui lui servaient en même temps d’inviolable sauvegarde contre toutes les tyrannies. On a détruit peu à peu toutes les institutions qui témoignaient de originalité et de la féconde variété de sa nature : on a proscrit toutes les formes, toutes les traditions qui caressaient son imagination en peuplant sa mémoire. Il s’agit maintenant d’enchaîner son intelligence et son activité et de les sceller pour jamais au sein de cette grande machine qu’on appelle l’État, qui se chargera d’agir, de penser, de combattre, de choisir et de croire pour