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Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/43

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Terreur et au mal. Mais nul ne saurait confisquer la sainte indépendance de sa doctrine, ni lui faire abdiquer un atome de sa toute-puissance spirituelle. Dépositaire de la seule vraie égalité, de la seule vraie liberté, elle n’acceptera jamais le partage des intelligences, dont on lui attribue comme la plèbe, en se réservant l’élite. Elle n’a pas été envoyée seulement, comme on le dit, pour consoler le malheur, ln faiblesse et l’ignorance, mais bien pour prêcher la pénitence aux heureux, l’humilité aux forts, et la folie de la croix aux sages et aux savants. Elle ne dit pas aux hommes : Choisissez dans moi ce qui vous convient. Elle leur dit : Croyez, obéissez, ou passez-vous de moi. Elle n’est ni l’esclave, ni la cliente, ni l’auxiliaire de personne. Elle est reine ou elle n’est rien.

Et nous qui, au prix des plus pénibles sacrifices, au milieu des soupçons et des calomnies, et dans le seul intérêt de la justice et de la vérité, avons travaillé de notre mieux à détacher les liens qui semblaient naturellement identifier les droits et les intérêts du catholicisme en France avec un parti hostile au gouvernement nouveau ; nous qui voyons cette œuvre difficile approcher d’un succès plus prompt et plus complet que nul n’eût osé l’espérer il y a dix ans ; nous avons bien le droit de le dire, en écoutant le langage que tiennent les apologistes de l’Université et de l’État : ce n’est pas là ce que nous avons voulu.